Dans la soirée de lundi, depuis New York, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, exhortait « le M23 à respecter le cessez-le-feu » annoncé pour ce mardi 7 mars à midi (10 heures GMT), en vue de « son retrait total et effectif de toutes les zones occupées » dans l’est de la RDC.
Mais le lendemain, les affrontement se sont poursuivis et le M23 s’est emparé de nouvelles localités. Après quelques jours de calme relatif, les combats ont en fait repris dès lundi sur les fronts nord et sud autour des zones contrôlées par les rebelles du M23, dans la province du Nord-Kivu, faisant plusieurs morts et blessés civils selon des sources hospitalières et humanitaires.Karuba, Kamuronza…
« Karuba [à une trentaine de km à l’ouest de la capitale provinciale Goma] vient de tomber dans les mains des rebelles », a déclaré une source sécuritaire. Nous les avons attaqués cette nuit [du 6 au 7 mars] mais ce matin, ils ont lancé une contre-attaque et à cette heure les combats continuent. » Les combats qui font rage à Karuba depuis lundi ont fait six morts et « au moins dix blessés », selon Folo Ombeni, vice-président de la société civile locale.
Léopold Muisha, de la société civile du groupement Kamuronza, à la sortie ouest de Goma, affirme de son côté dans un communiqué que le M23 a bombardé des objectifs civils, précisant que « sept bombes ont été tirées lundi en fin d’après-midi, tuant deux civils, dont un enfant de 12 ans, et blessant six autres ». Le Comité international de la Croix-rouge (CICR) évoque un mort et sept blessés au cours de ce bombardement.
Les affrontements se poursuivent également sur le front nord, où le M23 reste à l’offensive sur des villages et des positions des FARDC (forces armées de la RDC) provoquant, selon des témoins, le repli de militaires vers la ville de Kanyabayonga, plus au nord.
Accusations mutuelles
Malgré sa progression sur le terrain, la rébellion du M23 a annoncé mardi dans un communiqué « un cessez-le-feu effectif » à 12 heures, afin « d’ouvrir la voie au dialogue direct avec le gouvernement de Kinshasa ». Les deux parties s’accusent mutuellement d’avoir lancé des attaques sur leurs positions.
Willy Ngoma, un porte-parole du M23, a déclaré que l’armée congolaise avait attaqué lundi « simultanément toutes [ses] positions » et que la rébellion subissait encore des attaques mardi matin. Le M23 réagit « en légitime défense », a-t-il affirmé.
Les autorités congolaises, par la voix du lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole de l’armée au Nord-Kivu, accusent de leur côté « les terroristes du M23 et leurs parrains des Rwanda Defence Force [l’armée rwandaise] » d’avoir lancé lundi « une attaque qui a ciblé le contingent burundais récemment déployé dans le cadre de la force régionale de l’East African Community (EAC).
Selon le lieutenant-colonel Ndjike, cette attaque « au mortier » a également visé un camp de personnes déplacées et la cité de Mubambiro, causant « d’énormes dégâts », à 20 km à l’ouest de Goma.
Sanctions ?
Samedi,au cours de sa visite en RDC, le président français Emmanuel Macron) avait déclaré à propos des engagements pris par les parties au conflit qu’en cas de non respect du cessez-le-feu, des sanctions pourraient être prises, y compris contre le Rwanda. La rébellion du M23, restée en sommeil pendant près de dix ans, a repris les armes fin 2021. Kinshasa accuse le Rwanda de la soutenir, ce qui a été corroboré par des experts de l’ONU, bien que Kigali s’en défende.
Le nouveau cessez-le-feu annoncé intervient après l’échec de toutes les précédentes initiatives régionales lancées pour mettre fin à la progression du M23 ces derniers mois dans le Nord-Kivu. Le 3 mars, à Luanda, la présidence angolaise, désignée médiatrice par l’Union africaine dans cette crise, annonçait un nouveau calendrier de cessation des hostilités, débutant ce mardi à midi avec l’arrêt des combats « dans toute la région orientale de la RDC ».